Il y a des personnes qui passent une vie paisible, toujours en bonne santé. Cela n'a pas été du tout mon cas. J'ai connu des "hauts" mais aussi bien des "bas" dans ce domaine.
Quand un nouveau praticien me demande mes antécédents, je me pose toujours la même question : "Dois-je commencer par ordre chronologique ou de bas en haut de ma personne ?".
Je ne parlerai pas de toutes ces maladies infantiles que j'ai contractées comme les autres et qui n'ont fait que booster mon système immunitaire.
Je ferai plutôt allusion à toutes les fois où je suis passée au bloc opératoire :
- la première fois, je ne m'en souviens pas : une ablation des amygdales à 2 ans et demi. Il paraît que les médecins n'en avaient jamais vu d'aussi grosses... J'ai dû certainement souffrir car les anesthésies devaient être bien légères, sinon inexistantes.
- la deuxième fois, j'avais 11 ans : une simple appendicite. Mes souvenirs sont restés intacts. Je n'ai pas oublié mes larmes versées lorsqu'on me mit dans la même chambre que ma cousine du même âge que moi. La petite fille qu'elle était alors vécut, avec cette même opération, le martyr. Son cas était tellement désespéré qu'elle reçut le dernier sacrement de l'église. Mais la mort ne l'emporta pas.
Elle survécut donc pour être arrachée aux siens 48 années plus tard dans un mystérieux accident de la circulation.
- la troisième fois, j'avais 29 ans : soucieuse de mon apparence, il m'était impossible de conserver des jambes aussi laides à cause de varices, donc je décidais de les faire opérer. Depuis, j'ai reçu de multiples piqûres afin de scléroser les restantes et celles qui devaient revenir.
- la quatrième fois, j'avais 35 ans. A cette époque, avec trois enfants, on nous proposait facilement de faire une ligature de trompes. Cette opération fut donc effectuée et en même temps... la découverte d'un ovaire multi-kystique.
- la cinquième fois, quelques mois plus tard, je devais donc subir l'ablation de cet ovaire sans aucune complication ni souffrance.
- la sixième fois, j'avais 37 ans : après 5 ans d'affreuses douleurs, de multiples examens, on m'enlevait enfin "la bête" responsable de tous mes malheurs : un petit morceau de chair qui frottait mon nerf sciatique. On appelle cela une hernie discale !
Je ne souhaite pas à mon pire ennemi de souffrir autant comme j'ai souffert pendant ces années. Si je n'avais pas consulté le Professeur H., je pense que j'aurais été tôt ou tard contrainte de marcher avec une béquille voire assise dans un fauteuil roulant.
Je n'en ai pas fini pour autant avec les douleurs dorsales car l'arthrose et l'existence de deux nouvelles saillies discales me font souvent encore souffrir. Et mes doigts désormais arthrosés, si à l'aise avec les touches d'un clavier, me contraignent à oublier de plus en plus l'écriture manuscrite.
- La septième fois, j'avais 47 ans. L'ablation de la vésicule biliaire s'avérait raisonnable du fait de la présence de multiples lithiases (calculs). Simple opération sous cœlioscopie, en ambulatoire.
- La huitième fois, j'avais 52 ans. Et voilà qu'à la palpation du cou, on me trouve un nodule sur la thyroïde. Échographie et ablation de cette glande, pourtant si vitale, et présence de multiples nodules (mais sans cancer). Cependant, il faut prendre un cachet de lévothyrox chaque matin, celui-ci ne compensant pas toujours le rôle de la thyroïde. Mais bon, pour moi tout va à peu près bien de ce côté là.
Ayant connaissance de mon lymphome, je pensais que la prochaine opération, si opération il devait y avoir, serait l'ablation de la rate, quoique celle-ci n'était pas touchée. Le "crabe" ayant préféré s'étendre à la moelle osseuse : c'était son choix !
- Et bien la neuvième fois, c'est ma gynécologue qui en a eu l'idée en me découvrant des cellules pré-cancéreuses sur le col de l'utérus. Donc rendez-vous fut pris pour une conisation (ablation d'une partie du col de l'utérus). C'était l'année dernière, j'avais 60 ans.
Je ne vais pas m'étendre sur les 4 colonoscopies de contrôle que j'ai effectuées pour antécédent familial de polypes.
Je ne raconterai pas non plus mes divers passages au bloc pour des infiltrations dans les disques inter-vertébraux, un prélèvement d'os dans l'iliaque, deux infiltrations dans l'articulation sacro-iliaque, une radiculographie, un disco-scanner...
Il m'est bien impossible aussi de raconter la fois où, mes parents, avaient dû avoir le recours d'un ami, pour nous emmener à Rennes afin qu'on me fasse une paracentèse pour grosse otite. Aucun souvenir bien sûr de cette oreille percée puisque c'était au cours de ma première année de vie.
Il m'est bien impossible aussi de raconter la fois où, mes parents, avaient dû avoir le recours d'un ami, pour nous emmener à Rennes afin qu'on me fasse une paracentèse pour grosse otite. Aucun souvenir bien sûr de cette oreille percée puisque c'était au cours de ma première année de vie.
Je ne voudrais quand même pas oublier d'évoquer mes trois passages en salle d'accouchement... et des douleurs insupportables qui vont avec, mais là c'était pour de bonnes causes : je mettais au monde mes trois enfants. Et point question de péridurale. On commençait juste à la pratiquer à cette époque dans les grands centres.
Tout ça pour dire que je n'ai aucune inquiétude quant à mon retour au bloc opératoire lundi prochain pour la pose de ma chambre implantable et l'anesthésie qui va avec. J'ai déjà subi une ponction de moelle osseuse dans le sternum et deux biopsies ostéo-médullaires dans l'iliaque qui ne m'ont aucunement traumatisée.
On se fait à tout, aux séries de piqûres pour lumbagos, aux prises de sang : question d'habitude ou simple résignation.
Pourtant je suis en colère aujourd'hui. Pourquoi la santé me fait-t-elle toujours défaut ? Qu'ai-je fait pour mériter tout ça ?
Qu'ai-je fait pour qu'un cancer s'installe ainsi dans mon corps ? Comme tout à chacun : rien évidemment.
Qu'ai-je fait pour qu'un cancer s'installe ainsi dans mon corps ? Comme tout à chacun : rien évidemment.
On a tous sa croix à porter mais, pour certains, elle est bien lourde. On peut en vouloir à la terre entière mais à quoi bon ?
Aucune prière, aucun cierge allumé par l'être le plus "croyant" ne change rien. La foi peut porter, peut aider dans des moments difficiles. Je ne possède pas cette foi. Quand bien même, je le désirerais, je n'y arriverais pas. Si le bon Dieu me punit pour quelques péchés que j'aurais pu commettre, il n'épargne pas le petit enfant dans la maladie... ces petits êtres qui n'ont fait de mal à personne. Alors il m'est impossible d'imaginer qu'il existe quelque chose au-dessus de nous censé nous guider et nous protéger. C'est ma simple conviction et je respecte celle de ceux qui ne pensent pas comme moi.
Qu'ai-je fait pour que ma vie ait été si difficile parfois ? alors qu'elle aurait pu être si sereine.
La douleur et la maladie marquent une personne à jamais. Je suis sûre que je ne serais pas la même si je n'avais pas connu toutes ces épreuves. Et la pire de toute reste à venir : cette chimio. Bien que je sache depuis plusieurs années que le jour arriverait où je devrais la subir, je ne suis pas prête pour autant. Mais qui pourrait l'être ?
Je suis certaine qu'au bout du traitement, il y aura la rémission. Ce type de lymphome est chronique et récidivant mais nous laisse de longues années de vie. Voilà toute mon espérance.
Pour tous les problèmes que j'ai connus, que ce soit question santé ou dans ma vie personnelle, je sais que la colère ne mène à rien et ne résout rien. Alors ce soir, je vais essayer de la ravaler et de me dire qu'une vie quelle qu'elle soit vaut toujours la peine d'être vécue.
Yvette,la maladie nous change j'en suis sûre ! A se battre on devient plus fort et surtout on n'a plus envie de s'embêter avec le superflu.
RépondreSupprimerIl y a en nous une petit quelque chose qui devient une force.
La mienne m'a fait changer, et pourtant elle ne fait pas mourir...
Bon courage dans cette épreuve que tu vaincras j'en suis certaine.
Tu as plein de belles choses à vivre encore avec tes proches,tes beaux petits enfants.
Bises
Yvette,la maladie nous change j'en suis sûre ! A se battre on devient plus fort et surtout on n'a plus envie de s'embêter avec le superflu.
RépondreSupprimerIl y a en nous une petit quelque chose qui devient une force.
La mienne m'a fait changer, et pourtant elle ne fait pas mourir...
Bon courage dans cette épreuve que tu vaincras j'en suis certaine.
Tu as plein de belles choses à vivre encore avec tes proches,tes beaux petits enfants.
Bises
merci Valérie
RépondreSupprimer