Il y a 28 mois, je commençais un protocole thérapeutique dont le but était d'endormir ce lymphome qui m'habitait depuis plusieurs années. Je parle d'endormissement plutôt que d'éradication car ce satané lymphome indolent a une très mauvaise réputation quant à sa réapparition un jour ou l'autre.
Afin d'éviter ce retour ou d'en reculer l'échéance, l'immunothérapie est une véritable révolution et certaines personnes pourraient peut-être, après plusieurs années sans récidive, se trouver guéries.
Cela fait deux semaines qu'a coulé dans mes veines, via ma chambre implantable, la vingtième et dernière perfusion. Comme à chaque fois mon corps a ingurgité le cocktail sans aucun souci.
J'ai une pensée particulière pour les personnes qui, dès les premières gouttes perfusées, font une allergie voire même un choc anaphylactique et dont ce traitement ne peut être poursuivi.
Comme le moins intelligent peut le comprendre, il ne s'agit pas d'un simple jus d'orange acheté au supermarché du coin mais bien d'un produit toxique couplé à un anti-allergique et à un corticoïde. Bien qu'un kilo d'oranges s'avère coûteux de nos jours, il est bien dommage qu'il ne donne pas les résultats souhaités dans ce genre de maladie... notre chère Sécurité Sociale s'en porterait mieux. Ces traitements sont très onéreux, certainement plusieurs milliers d'euros à chaque fois. Au final, le prix d'une jolie maison sans aucun doute.
J'essaie d'oublier ce que j'ai coûté à la Société en étant malade. Cependant, je n'aimerais pas voir les chiffres. J'aurais malgré tout un sentiment de culpabilité. On ne choisit pas d'être malade, n'est-ce pas ?
Cette culpabilité doit revenir à tous ces semeurs de morts influencés pendant quelques décennies par des laboratoires qui les incitaient à acheter pour produire plus.
Je n'en veux pas à ces artisans de la terre qui ignoraient les dangers de ces poisons. Ma colère revient vers tous ceux qui aujourd'hui, quoique bien informés, continuent à pulvériser. Ils en font profiter les champs du pauvre paysan d'à côté qui lui a compris que pour éradiquer ces cancers, il fallait revenir à la culture biologique. Un jour, le mal revient à celui qui le fait et ils auront peut-être le grand plaisir de voir couler dans leurs veines quelques petites chimios... En dépit de tout, je ne leur souhaite pas. Quoique !
En ce qui me concerne la bataille est loin d'être gagnée. Les contrôles biologiques vont se poursuivre. Mes pauvres globules blancs se sont fait mitrailler à tout va, si bien qu'ils sont dans l'impossibilité de me défendre contre virus ou autres saloperies qui pourraient traîner. En juin, après une analyse des lymphocytes, l'hématologue prendra ou non la décision d'arrêter les antibiotiques et les anti-viraux prescrits chez les personnes immuno-déprimées afin d'éviter un problème pulmonaire ou un zona de l’œil.
Et puis, il y aura un nouveau bilan en août et ensuite tous les six mois. Et si un jour récidive il y a, je sais qu'il existe d'autres molécules capables d'anéantir une nouvelle fois cette grave maladie.
Il y a des gens "forts" mentalement qui traversent de telles épreuves sans séquelles psychologiques. Ce n'est malheureusement pas mon cas. Les maux de l'âme sont peut-être plus difficiles à gérer que le cancer. Essayer de faire comme si tout allait bien quand une grande détresse se cache au plus profond de soi-même.
Pour aller mieux, peut-être devrais-je m'inspirer du livre de Manuella, décédée cette semaine :
"j'ai failli oublier d'être heureuse"
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